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  • daugeronjordan

Les sports mécaniques ne passent toujours pas au vert ?

Dernière mise à jour : 30 janv. 2023

En dépit d’une réglementation environnementale de plus en plus stricte, et d'efforts consenti par les constructeurs, le monde du sport automobile n’est pas encore adapté à la transition écologique. Patron de grande marque, directeur de circuit, fédération et organisateur de rallye, tous témoignent des difficultés qui les entourent et tentent de trouver des solutions pour l’avenir. Enquête qui plonge dans le contexte et dans les initiatives de ces disciplines qui trainent à passer la seconde.

1,5 milliard de téléspectateurs cumulés en 2021 pour la F1, la Moto GP compte 338 millions de téléspectateurs en 2020 et 4 millions de fans au bord des routes du championnat du monde des rallyes et plus de 800 millions de téléspectateurs durant l’année 2019*. Jamais les sports mécaniques n’ont été aussi populaires. Mais face à l’urgence climatique, de plus en plus de militants protestent en manifestant sur des lieux importants pour le sport automobile tel que le Grand Prix du Royaume-Uni où des militants du mouvement “Just Stop Oil” se sont introduits sur le circuit de Silverstone en juillet dernier.

Des championnats internationaux les plus prestigieux aux plus petites compétitions départementales, tous sont concernés par cette transition écologique et doivent changer leur façon de faire pour continuer à faire vibrer des millions de personnes. Mais qu’en est-il des efforts écologiques entrepris aujourd’hui ?

*Sources des chiffres :

Un Depart tardif pour les grands championnats


Actuellement, la compagnie F1 se préoccupe davantage de sa rentabilité en dehors et sur la piste. En effet depuis le rachat du championnat par le promoteur américain Liberty média en 2018 détenue alors par l’anglais Bernie Ecclestone. La popularité de la discipline ne cesse d’augmenter notamment avec la création de la série netflix « Formula one : Drive to survive » qui permet de s’étendre dans les quatre coins du monde et surtout aux États-Unis qui après le fiasco du grand prix d’Indianapolis en 2005 boude la discipline.



Pour ceux qui ne s’en souviennent pas, le Grand Prix des États-Unis 2005 est considéré par de nombreux fans comme l’un des plus grands fiasco du sport auto. En effet, à cause d’une nouvelle asphalte sur le mythique ovale de l’Indiana, les pneus Michelin ne sont pas du tout adaptés à ces nouvelles modifications et le manufacturier français n’a pas recommandé aux écuries équipées avec leurs pneus de prendre le départ. Finalement, sur les 20 voitures présentent habituellement sur la grille seulement 6 voitures prendront le départ de quoi laisser un goût amère aux milliers de spectateurs venus sur place.


Concernant le développement durable, le championnat du monde n’est pas exemplaire. Depuis les années 2000, la discipline a connu une véritable révolution technologique et écologique avec l'arrivée des moteurs hybrides en 2014 cela veut dire que toutes les voitures présentent sur la grille depuis 2014 sont obligées d’être équipées d’un moteur V6 turbo hybride. Bon avant pour certains, perte d’identité pour d'autres, le moteur hybride est encore aujourd’hui sujet à de nombreux débats. En octobre 2019, la Formule 1 annonce son plan d’action pour la prochaine décennie et l’écologie rentre enfin dans les projets de la compagnie, le directeur technique et sportif Ross Brown avait déclaré en 2019 « Il serait gratifiant pour la F1 de démontrer la technologie que nous pouvons mettre en œuvre pour contribuer à la réduction des gaz à effet de serre ». Une prise de conscience enfin assumée par la formule 1, de quoi inspirer d’autres championnats du monde.


Concernant la MotoGP, la Fédération internationale de motocyclisme (FIM) et le propriétaire du championnat la Dorna commencent à mettre l’accent sur la durabilité ces dernières années. Takahiro Sumi, le chef de projet de la marque japonaise Yamaha en MotoGP a déclaré en août 2021 : “Maintenant que la situation globale a drastiquement changé avec quelque chose qui va vers la neutralité carbone, en tant qu'industrie nous devons penser à l'avenir en envisageant l'équilibre entre performance, divertissement et environnement”. Deux ans avant cette déclaration, la discipline a mis au point un nouveau un championnat uniquement composé de moto électrique la Moto E.


Ce nouveau championnat est un laboratoire pour le paddock de la catégorie reine pour les pneus depuis 2021. En effet, les pneus de Moto E sont en partie faits avec des matières recyclables et biosourcées. Si on pousse la fiche technique un peu plus loin, le pneu avant est composé à 33% de ressource durable et ce taux s’élève à 40% pour le pneu arrière.

Une transition très récente tout comme un autre grand championnat de sport mécanique, les championnats du monde de rallye.


Le rallye, parlons-en ! Cette année a été importante pour la discipline puisque l'ensemble des écuries présentent dans la catégorie Rallye 1 utilisent la technologie hybride. La particularité de cette technologie hybride est qu'elle permet de faire les départs de chaque spéciale sans utiliser une goutte d’essence. L'énergie stockée dans les batteries se déploie au démarrage ce qui permet de réduire le taux de CO2. Pour rappel, les voitures en WRC atteignent le 0 à 100 km/h en seulement 3 secondes soit une seconde moins qu’une F1. Mais il n’y a pas que le moteur hybride qui a fait son apparition cette année en rallye. En effet, la discipline utilise un carburant ne contenant aucune énergie fossile. Ce carburant dit “durable” est composé de bio-carburant venant de la décomposition de déchet végétaux et un carburant synthétique*.


L’ancien président de la FIA Jean Todt avait déclaré en 2021 à propos de ces nouvelles technologies : “La FIA est fermement engagée à mener le sport automobile et la mobilité vers un avenir à faible émission de carbone. En introduisant un carburant durable, parallèlement à la technologie hybride pour le Rally 1, nous franchissons une étape importante vers la nouvelle ère du Championnat du Monde des Rallyes en 2022. En collaboration avec nos partenaires énergétiques, nous continuerons à combiner les meilleures performances technologiques et environnementales”.


Des politiques hostiles face aux sports mécaniques


Les championnats et les fédérations commencent petit à petit à comprendre les enjeux écologiques mondiale mais que pensent les politiques notamment en France de la pratique des sports mécaniques sur le territoire.

En France, le sport mécanique et la politique ne font pas très bon ménage ces derniers temps. Effectivement, les personnalités politiques ne voient pas d’un très bon œil la discipline. Sans grande surprise, ce sont les membres du parti Europe Écologie Les Verts (EELV) qui protestent le plus et qui mènent un combat contre les sports mécaniques depuis plus de 10 ans.


Cette année le grand prix de France de formule 1 n’a pas été épargné par son lot de critiques fait par des députés EELV. Ces derniers ont pointé du doigt le manque de respect et préoccupation des conditions climatiques au moment de l’événement. Pour remettre un peu de contexte, le grand prix de France 2022 s’est disputé durant le week-end du 22 au 24 juillet en plein été avec donc de forte chaleur. La région Provence Alpes Côte d’Azur (PACA) est à ce moment là placée en alerte canicule et craint le nombreux départ de feu.

Les écologistes de la région PACA ont fait un communiqué durant le week-end en expliquant : « On permet, pour l'occasion, aux spectateurs de se garer sur des espaces classés boisés qui risquent de s'embraser au moindre mégot jeté. On assume, pour l'occasion, de bloquer des routes, de générer des embouteillages, de créer un surcroît de pollution atmosphérique (...) Combien de quantité de CO2 sera émise ce week-end par la F1 ». Ils remettent également en cause la reconduction de cet événement pour les prochaines années.


Le directeur du Circuit Paul Ricard Stéphane Clair nous a confié les raisons de la non reconduction du grand prix au Castellet. Les raisons sont multiples du point de vue économique et sportif mais aussi d’un point de vue politique. Le directeur n’a pas caché le fait que le Gouvernement n’a pas beaucoup soutenu le grand prix de France depuis son retour en 2018. Il nous explique même que : « Le gouvernement est capable de faire des dérogations pour les jeux olympiques et pour la coupe du monde de rugby mais il n’est pas capable de le faire pour les sports mécaniques parce qu’il considère que c’est pas bon pour la planète et pas très tendance ». Il ajoute également concernant les négociations de la reconduction du Grand Prix que : « A l’Élysée, on a réfléchi et l’entourage du président à juger que c’était plus risqué d'exposer Emmanuel Macron sur un Grand Prix de F1 qui est pour lui anti écologique que de ne plus avoir un le Grand Prix de France au calendrier F1 ».

L’avenir est donc incertain pour le retour de la Formule 1 dans l'Hexagone.


Il n’y pas que la F1 qui est touchée par ces protestations. Le rallye est lui aussi sujet à de nombreux débats et conflits entre manifestants politiques et organisateurs. Un exemple récent, le rallye des Vosges. Ce dernier a été vivement critiqué par une association qui a lancé en février dernier une pétition contre l’annulation du rallye des Vosges qui se tient habituellement en juin. Le président de l’Association sportive Auto-Club vosgien (A.S.A.C vosgien) Christophe Gallaire nous a confié son plan d’action pour les prochaines années pour éviter de nouvelles manifestations : « On a eu de la chance d’avoir le soutien logistique de la Mairie de Gérardmer. Mais nous sommes au courant des enjeux climatiques et nous avons fait dès cette année des changements et modifications pour rendre notre sport plus durable et montrer que les sports mécaniques sont en train de changer ». Un message bien passé puisque le rallye des Vosges a pu cette année avec l’aide de l’association Éco Manifestation Alsace mesuré la quantité de CO2 émis durant l’événement et qui sera un point de départ pour les prochaines éditions.


Les objectifs ambitieux et assumés par ces disciplines


Les organisateurs et championnats sont conscients du défi environnemental qui les attend. Malgré la vague de protestations qui ne fait que monter, les fédérations et championnats mondiaux se fixent des objectifs pour la décennie à venir. Concernant la F1, la FIA et Liberty Média lancent leur projet très ambitieux d’avoir un bilan carbone neutre pour 2030. Mais avant cela, la discipline attends une première révolution technologique en 2026 avec l'arrivé d'un nouveau moteur hybride qui fonctionnera avec un carburant 100% renouvelable produit en partenariat avec le pétrolier Saoudien Aramco. Un projet ambitieux qui a convaincu le groupe allemand Volkswagen de rejoindre la compétition en 2026 avec Audi.

La FIM, la Dorna et la Moto GP ont en ligne de mire 2027. En effet, le championnat du monde annonce que d'ici 2027, les motos des 3 catégories ( Moto3, Moto2, MotoGP) seront équipés d'un moteur qui utilise une essence 100% renouvelable. Concernant la Moto E, la catégorie électrique a pour objectif d'utiliser des pneus 100% durable.

Le WRC a vécu sa plus grande révolution technique en 2022 avec l'introduction des moteurs hybride qui utilisent un carburant durable. Pour l'avenir, la championnat du monde des rallyes se concentrent plus sur la gestion des rallyes sur leur impact sur la biodiversité.


Timeline qui montre les objectifs des 3 championnats principaux de sport mécanique


Les sports mécaniques veulent changer sa façon de faire. Déjà sport mécanique va de paire dans une certaines mesure avec le marché de l'automobile. La formule 1, la MotoGP ou encore le WRC sont des vitrines pour les constructeurs qui investissent de plus en plus dans les sports mécaniques en vue des objectifs que proposent ces championnats.

Mais il n'y a pas que les championnats internationaux qui doivent changer leurs mentalités en termes d'environnement. Il y a aussi les circuits et le Circuit Paul Ricard est un bonne exemple concernant le développement durable. Le directeur général du circuit Stéphane Clair précise les démarches mis en oeuvre par le circuit pour qu'il soit écologiquement durable :


Stéphane Clair directeur du Circuit Paul Ricard exposant les avancées techniques et écologiques du circuit


La Fédération Française de Sport Automobile (FFSA) compte aussi se pencher sur la question de l'environnement et du développement durable. Dans un communiqué qui nous a été envoyé, la FFSA précise que des chercheurs travaillent sur un baromètre écologique et que ce baromètre sera publié début d'année 2023. Malgré plusieurs relance nous n'avons pas eu plus d'informations.

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